DES PLIS DE PIERRE ET DE PEAU

March 26 – June 14, 2025
Galerie Julie Caredda, 4 Rue de Miromesnil, Paris 8
Opening: Wednesday, March 26, from 6 PM to 9 PM

La galerie Julie Caredda est heureuse de présenter Des plis de pierre et de peau, la deuxième exposition personnelle d’Hermine Bourdin à la galerie.

L’exposition Des plis de chair et de pierre donne à voir une série de sculptures, photographies et dessins d’Hermine Bourdin. Le corps de la femme y rejoint la courbure de la roche, l’un comme l’autre modelé par les forces telluriques, signes de leur appartenance à la Terre. Et s’il fallait, pour cette raison, les considérer à l’aune d’une esthétique commune ?
Le dialogue entre les œuvres invite à questionner les déterminismes de notre regard et à s’engager dans un nouveau rapport à la beauté.

I

Quoi de plus irréel que la sublime Pietà (1498-99) qu’abrite la basilique Saint Pierre du Vatican ? Une mère retient son fils mourant sur ses genoux… Une mère ? Sous le burin de Michel-Ange, elle est aussi jeune, sinon davantage que le Christ ! La femme, vierge et figée dans sa jeunesse, continue de travailler l’imaginaire occidental – et au-delà. En sculpture, elle est un apogée de courbes et de plis. Notre adoration s’y enflamme ! Miracle, en effet, que cette composition où la ligne ne cesse de sinuer. Deux siècles et demi plus tard, le peintre et théoricien William Hogarth, dans Analyse de la beauté (1753), la désigne « line of beauty ». Il déclare : à tout artiste voulant atteindre le Beau d’en maîtriser les secrets.

À nos yeux, la vie végétale comme le monde minéral en portent la grâce. Est-ce en raison d’une comparaison impensée avec le corps sculptural de lignée antiquisante ? Aimons-nous les jeux formels de la roche d’autant plus qu’ils évoquent le corps idéal ? L’affirmative est banale à rappeler. L’idéalisme se situe hors du temps, mieux : il le hait. Au sommet de tout, les archétypes sont aussi figés que définitifs. On n’imagine pas le mètre étalon se tasser sur ses vertèbres millimétriques, ni courbant le dos.

Sauf à s’appeler Marcel Duchamp et à faire le geste aussi simple que révolutionnaire de lâcher à un mètre de hauteur trois cordes d’un mètre chacune : 3 stoppages-étalon (1913-64). Et si l’idéal, en tant que référence, se proposait en son paradoxe ? Autrement dit, et s’il devenait idéal-nature : ouvert, malléable – désir, c’est-à-dire de toute forme possible ? Pas de courbe dominante dictant les bonnes règles de courbure… Mais une courbe vivante.

Qu’en serait-il, alors, de la Pietà rattrapée par la vie ? Passant de marbre à chair, elle changerait du tout au tout. Hier, triomphant de la gravité et de la mort (extra-terrestre et inhumaine), elle épouserait aujourd’hui le sol et l’humanité qui le peuple. Elle ne serait pas un corps de vieillarde, cristallisant la peur et la détestation, mais la détentrice d’un mystère, à travers elle, s’exprimant plus avant. Elle ne susciterait pas l’horreur, mais la fascination, se rapprochant plus près de ce principe originel qui anime et emporte le devenir.

II

Dire que le corps participe à la fabrication d’un humain en tant que personne sonne comme une évidence – de son psychisme à l’étendue de ses aptitudes en société. Trois dimensions jouent de concert : (1) le corps en tant que donnée physique indépassable (par exemple, je fais la taille que je fais), (2) le corps en tant que réceptacle de représentations et symboliques sociales (valorisation de la silhouette longiligne), (3) le corps en tant que mandataire, par effet retour sur l’individu d’une modification ou d’un attribut qu’il lui apporte (j’enfile des chaussures à talon). Mais l’évidence n’a pas le même poids et ne fonctionne pas de la même façon pour les hommes que pour les femmes. Les injonctions latentes, produites par un contexte culturel aux sources multiples, situent les femmes dans un rapport ontologique avec leur corps bien particulier. Être belle, en permanence, selon des critères qu’elles ne choisissent pas, est un mot d’ordre autour duquel elles se doivent de trouver un

équilibre tout au long de leur existence. Tel est, en tout cas, une généralisation à partir de laquelle il est bon de réfléchir. En commençant par se demander dans quelle mesure la société s’approprie ainsi le corps des femmes, et, par extension, encadre leur capacité à être.

La reprise du pouvoir sur son corps est un objectif fondamental du féminisme. Il n’est porteur d’aucune prescription (voulant justement s’affranchir de toutes). Son ambition a les contours d’une liberté dans laquelle chaque femme choisit ce qu’elle souhaite pour elle-même. Aucune féminité ne peut se prétendre plus légitime qu’une autre. Le champ des possibles s’offre, synonyme d’un horizon d’être sans restriction. On en vient à rêver que chaque femme définisse, en toute indépendance, de quelle façon elle veut se rendre présente, pour soi et pour les autres.

III

La question du regard se pose – encore et toujours, centrale dans les domaines de l’humanisme et de l’écologie qui ne font qu’un. Du regard dépend la création du monde, de l’autre et de soi. À ce soi, il a la capacité d’apporter être, puissance et joie. Une triade qui s’affirme comme une nécessité à l’heure où les menaces font rage et en appellent à l’engagement. C’est d’ailleurs au cœur de l’éco-féminisme depuis son émergence dans les années 1980.

Le regard gagnerait à être considéré comme un commun, d’une importance encore plus essentielle face aux processus inédits de déshumanisation qui atteignent des ampleurs sans précédents, portés par des hubris à la fois technologiques et politiques. Dans cette perspective, le conditionnement des corps est grave, non seulement en ce qu’il réduit l’amplitude, sinon la réalisation même de nos êtres, mais aussi en ce qu’il tend à abroger notre appartenance à la Terre.

Que faut-il comprendre, alors, dans le dialogue des courbes de la roche avec celles du corps de la femme ? Qu’un fil les relie si l’on veut se donner la peine de voir. Si voir se dote d’une capacité à déceler les affinités subtiles qui nous rattachent à l’élan commun de la vie. Celui de la nature, artiste en son génie de la pierre comme en celui de la chair. La montagne respire tandis que nos poumons se gonflent. La beauté, comme l’avait deviné Hogarth, tient en effet dans cette courbure qui nous identifie à l’infinité de la nature. Une nature non pas garrottée par quelque opposition à la « culture », mais en perpétuelle invention. Une nature qui n’a pas peur de l’absence de normes et accueille le sacré dont elle reformule le sens.

On a cru que les « Vénus » des millénaires passés étaient de pierre… On les a éjectées dans la transcendance en leur collant un nom de déesse… Elles étaient bien de pierre, oui, mais aussi de chair, plus précisément, triple alliance : être, chair et pierre, par laquelle on choisit de comprendre, aujourd’hui, que l’humanité ne peut trouver son point d’épanouissement qu’en s’engageant dans une révolution du regard, qu’en ressentant la force de vie à l’œuvre dans la diversité des courbes, qu’en aimant la Pietà plus belle encore du pli de ses années et de son intimité vécue avec la Terre sur les genoux de laquelle elle se tient. C’est en franchissant ce seuil que j’entre dans l’exposition d’Hermine Bourdin.

Guillaume Logé

Chercheur et conseiller artistique

CODDESS VARIATIONS

WITH PARIS NATIONAL OPERA

The Paris Opera launches Coddess Variations, a new collection of digital art by Hermine Bourdin, at the crossroads of sculpture and dance.

Digital Collection size: 100 artworks

Coddess Variations is an artistic collection that integrates physical sculpture, choreography, and digital technology, conceived by artist Hermine Bourdin. This project marks the first instance of choreography from a National Opera being recorded on the Ethereum blockchain.

The collection began with Hermine’s residency in the sculpture and costume studio at the Paris National Opéra, where she created a two-meter plaster sculpture inspired by a Paleolithic goddess.

A living sculpture, embodied by opera dancer Eugénie Drion, acts as the dynamic counterpart to the plaster statue, illustrating the transformation inherent in the work and drawing on the use of white common in Butoh performance.

 

A fundamental aspect of this work is the filmed capture by Hervé Martin Delpierre, whose images serve as the basis for the works in the collection, paying homage to surrealism on the occasion of its centenary.

The collection consists of a series of visual artworks alongside their corresponding choreography, making them collectible pieces. The artworks utilize various mediums, including sculpture, dance, video, motion capture, and Laban notation. 

AXIS MUNDI

7 septembre - 7 octobre 2023

Galerie Julie caredda 4 rue de mirosmenil, paris 8

L’énigme des traces à l’épreuve du présent

Pour sa première exposition personnelle à la Galerie Julie Caredda, Hermine Bourdin investit les lieux en une proposition cohérente et tenue qui atteste d’un lien d’imaginaire avec des temps oubliés, des civilisations disparues, des cosmogonies anciennes. Elle dit ce qui s’est transmis par-delà les temps, les appartenances, les territoires, les langages articulés, ce qui échappe à l’intellection mais vivra toujours par l’imagination. Le corpus d’œuvres dans leur diversité – dessins, sculptures, photographies, films – témoigne d’une proximité avec un art qui savait unir le symbolique et l’imaginaire, un art qui nous est énigmatique et qui pourtant sait nous émouvoir jusqu’au vertige. Cet art est si ancien que nous ne pouvons en prendre la mesure, mille huit cents générations humaines nous en sépare, cet art, faute de mieux, est nommé art préhistorique. Nous avons pourtant cette intuition que le nommer ainsi est insuffisant […]

 

Christopher Yggdre

 

The Enigma of Traces Tested by the Present

For her first solo exhibition at Galerie Julie Caredda, Hermine Bourdin immerses the space with a coherent and restrained proposition that bears witness to an imaginative connection with forgotten times, vanished civilizations, and ancient cosmogonies. She speaks of what has been transmitted across time, affiliations, territories, articulated languages, that which eludes intellectual grasp but will always thrive in the realm of imagination. The diverse corpus of works, including drawings, sculptures, photographs, and films, testifies to an affinity with an art that knew how to unite the symbolic and the imaginative, an art that remains enigmatic to us and yet has the power to move us to vertigo. This art is so ancient that we can barely comprehend it; eighteen hundred human generations separate us from it. This art, for lack of a better term, is called prehistoric art. However, we have the intuition that naming it thus is inadequate […]

Christopher Yggdre

Axis Mundi - Solo show 7 septembre 2023 - 7 octobre 2023
Sculpture - Hermine Bourdin

« Je cherche à saisir l’essence formelle et symbolique du féminin. »

« I seek to grasp the formal and symbolic essence of femininity »

« Dans cette exposition, je rends hommage à Marija Gimbutas en intégrant ses idées dans mes créations artistiques.

La dévotion de Marija Gimbutas à la découverte des trésors de notre passé, en particulier son exploration des sociétés matrifocales et du culte des déesses, a profondément résonné en moi. Ses découvertes m’ont encouragé à plonger dans la symbolique, la spiritualité et les subtilités culturelles de ces civilisations anciennes.

À travers une collection de dessins, de sculptures, de performances et d’œuvres multimédias, je vise à capturer l’essence de sa recherche et son impact durable sur notre compréhension contemporaine de l’histoire, des dynamiques de genre et de la spiritualité. »

« In this exhibition, I pay tribute to Marija Gimbutas by weaving her insights into my artistic creations.

Marija Gimbutas’ dedication to unearthing the treasures of our past, particularly her exploration of matrifocal societies and goddess worship, has resonated with me on a profound level. Her findings encouraged me to delve into the symbolism, spirituality, and cultural intricacies of these early civilizations.

Through a collection of drawings, sculptures, performance and mixed-media works, I aim to capture the essence of her research and its enduring impact on our contemporary understanding of history, gender dynamics, and spirituality. »

Sculpture - Hermine Bourdin

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La femme bleue

Leia Sfez + Hermine Bourdin

La femme bleue

Leia Sfez + Hermine Bourdin

The Paris-based entrepreneur and model Leia Sfez and artist Hermine Bourdin are excited to present ‘La Femme Bleue’, a limited series of unique sculptures intended as a paean to female strength and creativity. Realised in Bourdin’s signature voluptuous form, the artworks are rendered in coated sandstone of vivid cobalt-blue colour.